J’ai désinstallé Twitter depuis maintenant deux mois, j’ai arrêté de regarder les informations le matin (bon presque) et je me suis laissée aller.
J’ai commencé à criser à partir de janvier. Vous savez quand les scandales ont éclaté et qu’il est apparu qu’un salaire de plus de 3000 euros par mois était normal en été pour une étudiante. Personnellement, si j’avais au moins 1200 euros pendant mes mois de vacances, j’étais contente. Mais bon, dans l’animation, tu tournes plus autour de 800. #exploitation.
Ensuite on nous a sorti les mises en examens, les « non mais j’y vais quand même » avec mon costume qui fait le tiers de ce que nous gagnons en une année. Ah, les impôts me font signe que finalement, c’est la moitié de ce que je gagne par an. Ah ok.
On a entendu parler des querelles dans un parti qui n’en est plus vraiment un. Je les admire ces militants qui essayent à tout prix de mener une campagne propre alors que les ténors se cassent vers la droite, aka Monsieur Ubérisation. On oubliera que finalement ce sont une dizaine de mecs blancs qui se cassent vers le dit-Emmanuel (non ce n’est pas un film porno) et qu’il reste plein de soutien à ce pauvre candidat. Mais que vous-voulez, ce sont des femmes qui le soutiennent. Ca a beaucoup moins de poids.
On passera aussi les mises en examens où on ne va pas, et pis finalement « c’est pas très grave c’est l’Union Européenne, ces enfoirés qui nous saignent, c’est bien normal de se servir dans les caisses« .
On jettera un mouchoir sur ces militants qui vous agressent quand vous expliquez que, non, vous ne faites pas trop confiance à ce candidat, qui se dit Tribun de la plèbe… Parce que c’est comme ça. Vous vous êtes déjà fait avoir une fois, vous n’avez pas très envie de recommencer.
Alors voilà, on en est là de cette campagne, à dix jours de voter.
Je ne sais pas trop pour qui voter, je me reconnais dans pas grand chose, je ne fais confiance à personne, et pourtant, j’ai bien reçu le précieux sésame : ma carte d’électeur. Je me passionne pour personne, je n’ai même pas envie de savoir. Je suis comme morte politiquement, alors que je suis toujours autant révoltée par ce que je vois au quotidien.
Les militants de Monsieur Ubérisation sont venus militer à Saint-Denis, par une marche ridicule pour « sauver les banlieues ». C’était d’une prétention sans nom. C’était limite comique. Lorsque tous les vendredis et samedis soirs, on voit dans le RER des mecs avec leurs vélos qui vont venir vous livrer votre Deliveroo dans votre canapé, on essaye de réfléchir aux métiers qui sont en train d’être créé et surtout à qui cela bénéficie. En général, les mecs sont plutôt étudiants, c’est un revenu d’appoint et contrairement à l’idée reçue et bien ancrée : non, ce ne sont pas toujours des chômeurs des banlieues que l’économie de plate-forme vient sauver. (dernières études de sociologie… ).
Je crois que je suis profondément dégoûtée par les débats que j’entends. J’ai regardé la prestation des candidats, pas en cacophonie mais en individuel. Je les ai trouvés très médiocres pour la plupart, bien loin de la réalité quotidienne, ou alors proposant des solutions qui ne sont pas dans mon référentiel politique.
J’ai pourtant envie de voter. J’ai vraiment envie de voter. Mais pour qui ?
Je ne comprends pas ce qu’on me propose. Je dois être un peu abrutie (certains militants du tribun le pensent… ) mais je n’arrive à me projeter dans les sociétés qu’on me dessinent.
Les débats sur l’éducation ne tournent que sur nombre de profs (« si on les réduisait ? »), d’heures (« si les profs faisaient 25 heures devant élèves ? »), élèves (« on a qu’à les mettre 10 par classe, ça va fonctionner ! »). Je n’entends pas grand chose sur la scolarité des plus petits, sur l’accessibilité à la culture, à notre mode de fonctionnement collège/lycée. Tout est devenu comptable.
Nous sommes arrivés dans une belle société comptable, où sortir un chiffre, ça fait bien.
Les débats sur le logement ? Envolés ! La précarité ? La quoi ? La santé ? Il n’y a pas de problème. Tout va bien. On devrait même réduire le nombre de fonctionnaires tellement notre beau territoire est bien quadrillé par les services de l’Etat.
La police ? Tu soutiens ou tu ne soutiens pas, mais surtout tu ne proposes rien pour que certaines pratiques changent (et oui, j’ai lu le programme du Tribun et je le trouve timide).
Les retraites ? On ne va pas trop en parler, parce que l’électorat majoritairement a quand même plus de 60 ans (Coucou les baby boomers !)
Je ne me reconnais dans rien et j’attends que cela se passe.
Ce qui me fait le plus peur dans tout cela, c’est que je ne suis pas la seule à dix jours des présidentielles à ne pas savoir pour qui voter. On est plein. Je me demande même si je ne vais pas me décider dans l’isoloir, tellement je me sens perdue.
Cette campagne est décidément bien décevante, presque ennuyeuse…
On attendra que la caravane passe, les chiens arrêteront d’aboyer.