Et surtout une bonne santé !

Ce texte a été écrit initialement le 7 janvier 2016. Il a été retravaillé le 17 janvier.

Je n’allais pas te laisser comme ça, sans te souhaiter au minimum une bonne année et une bonne santé.

En ce jour funeste du 7 janvier 2016, un an après Charlie, après tout ce qui nous est arrivé de pire, je ne pouvais pas passer à côté de cela. Je ne pouvais pas clore 2015, sans laisser une trace par ici, sans laisser au minimum une archive de mes pensées sur cette année 2015.

2015 : année funeste pour la France, pour son peuple, pour les amoureux de la liberté, de politique et de musique.

Nous avons commencé l’année dans le sang, nous l’avons fini par la consternation lors des élections régionales. On est passé plusieurs fois par le sang, par les pleurs, par la peur, par les questions sans réponse. Une année proche de 2001 et 2002. Des années déconcertantes. Des années qui font du mal au monde. Des années que j’enseignerai en expliquant où j’étais, ce que je faisais, des réactions des politiques et des journaux. Je l’aurais vécu. J’aurais vécu l’histoire. Ce n’est jamais une sensation agréable, mais elle est là, bien présente.

Et puis à côté de tout cela, à côté de tout cela, il y a notre vie., aussi imparfaite soit elle.

On ne se souhaiterait pas de vivre autant de bouleversements dans notre vie personnelle. On souhaiterait continuer à vivre comme si de rien était. Et puis quand on se retourne, on se rend compte que notre vie est toujours la même. On a toujours les mêmes préoccupations, les mêmes questionnements entre copines. Bien-sûr on vieillit, on ne pense plus à la cuite qu’on va se prendre samedi soir (quoique…), on commence à parler emprunt, vacances à l’autre bout du monde, salaires et parfois même enfants.

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Notre vie a continué, si insignifiante soit-elle pour l’ensemble des dirigeants de ce monde.

J’ai continué à aimer Grumpf, à lui dire qu’il était beau, drôle, méga drôle. On a continué à se chatouiller, à faire l’amour et à se disputer, parce que bon « t’as pas rangé la table depuis trois jours » (c’est fou comme il a pris mon gène du bordel).

J’ai continué à le soutenir dans sa thèse, dans sa putain de thèse, comme j’aime la nommer. Je ne peux pas tout vous raconter, mais l’année 2015 a été absolument capitale dans ses recherches et il a tellement progressé que j’en reste bouche bée.

J’ai continué à enseigner l’histoire et la géographie. J’ai continué à transmettre ce que je savais, j’ai continué à interroger notre société avec mes élèves, j’ai continué mon travail et tout ce qui va avec comme désagrément : m’entendre dire que les profs sont des glandeurs, corriger mes copies pendant 10 heures, voire plus, faire mes cours, répondre aux questions, être là pour mes élèves.

J’ai continué à voir les gens que j’aime, à voir mes amis, si chers à mon cœur. J’ai continué à leur dire quand ils font de la merde, j’ai continué à écouter leurs peines de cœurs, de fric, leurs peurs de tout et leurs envies de bouffer le monde que eux-seuls ont.

J’ai continué à être la fille de. J’ai bien pris soin de mes parents, j’ai dit un peu merde à ma mère, je me suis rapprochée de mon père. J’ai dit « stop » quand je ne pouvais plus encaisser, j’ai dit quand je voulais que maintenant on arrête de mal me parler.

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J’ai continué à sourire dans le métro, à sourire aux gens qui n’ont rien, j’ai continué à rêvé. J’ai concrétisé des rêves, puisque nous avons acheté l’appartement de notre bonheur. J’ai continué à croire que j’en étais capable, que j’étais capable de toutes ces belles choses au quotidien.

J’ai continué à faire fleurir des amitiés, j’ai continué à être honnête en toutes circonstances, à être exigeante avec tout le monde, comme je suis exigeante avec moi.

J’ai continué tout cela.

J’ai vu tourné l’actualité, j’ai vu la peur, la mort, mais j’ai continué. J’ai continué parce que la vie ne nous laisse pas le choix, parce que rien ne nous arrêtera. J’ai continué à vivre parce que cette liberté est exceptionnelle, et que les événements, la politique, la conjoncture et toute l’économie ne pourront pas me retirer ce sentiment : celui de vivre coûte que coûte, celui de savourer la chance que j’ai, celui de vivre toujours auprès de ceux que j’aime, celui qui me permet de transmettre, de donner et de croire en moi, celui qui me permet d’apprécier la vie.

J’ai continué à aimer, et c’était bien l’essentiel en 2015.

Et ce sera bien là l’essentiel en 2016.