Un silence consenti

J’aurais fait semblant de ne pas voir que cela faisait deux mois que je n’étais pas venue ici. Pas l’envie, pas le temps, pas… Pas.

Mais en fait, c’est surtout que je ne savais pas trop quoi dire. Parler de ma grossesse ? Des remarques permanentes sur mon poids alors que je n’ai rien pris ? J’en aurais des choses à dire sur la grossophobie ordinaire dans le monde des futurs mamans. Parler des contrôles incessants et de la culpabilisation qui va avec ?

Parler des remarques sexistes qui me mettent dans la case « future maman sans cerveau » ?

Parler de ma surprise face au sexe de mon bébé alors que je n’avais jamais imaginé avoir un garçon ?

Ou alors j’aurais pu revenir en vous parlant de ma fin d’année au collège, à Saint Denis et de mon expérience en conseil de discipline.

C’est comme si il y avait trop de sujets et pas assez à la fois, trop de nouvelles et pas assez à la fois. Quelle ligne avoir face à ce nouveau statut qui se dessine, face à mes doutes, face à mes interrogations, à mes peurs les plus profondes. Ce chamboulement permanent et cette envie de savoir la suite de l’histoire.

Savoir que je deviens une autre personne me terrorise, je ne veux rien abandonner, rien de ce qui m’a construit depuis que je suis partie de chez mes parents. J’ai trop mis de moi et j’ai trop investi dans mon indépendance pour oublier tout cela. C’est comme si on m’arrachait une partie de moi-même pour me greffer une nouvelle et pour l’instant je ne le supporte pas.

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Il faut dire aussi que je fais face à une culpabilisation maximum face au corps médical depuis qu’ils soupçonnent un diabète dû à la grossesse à partir du deuxième mois (normalement on le détecte à 6 mois..). J’ai donc commencé sept mois de privations. De vraies privations. Et j’ai eu le droit au discours qui va avec, ce jugement permanent sur ce que je mange, sur le sport que j’effectue, sur ce que je suis. Je me suis sentie la grosse de service, qui mange des Mars en cachette, alors que j’avais accepté mon poids, ma silhouette, mes kilos. Trois ans de boulot remis en cause par deux rendez-vous sage-femme. De quoi démoraliser la battante que je suis. Est-ce que finalement j’avais autant accepté que cela mon ancien corps ? Est-ce que je m’étais pas juste accommodée de ce que j’étais ?

Résultat des courses, à six mois, j’affiche un moins quatre kilos par rapport à mon poids de janvier… Je ne prends rien. Rien du tout. Rien depuis le premier trimestre où j’en ai perdu cinq.

Vous allez me dire que je fais partie de ces chanceuses, au moins je ne vais pas galérer après. Mais à quel prix je le fais ? Là est toute la question et la problématique des trois mois qu’il me reste pour me faire à tout cela…

Simone me répétait comme un mantra « On ne naît pas femme, on le devient » et je ne peux être que d’accord avec elle dans ce difficile passage dans les méandres de la maternité.

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