Un nouveau départ

Nous sommes dimanche 7 janvier et je vous écris rapidement.

Je vous écris rapidement parce que demain je reprends le travail et que mes six mois de parenthèse sont en train de se terminer. Six mois d’arrêt à rester chez moi, pas très productive, à se demander comment allait ce ventre et puis comment allait ce petit garçon. Je reprends et mon bébé va avoir trois mois. C’est à la fois court et long. Je suis entre l’excitation la plus totale et la trouille monumentale.

Je suis dans l’excitation la plus totale de retrouver mes collègues et mes élèves. Je ne sais même pas si j’arrive encore à parler à un public. Et comment je faisais pour tenir mes classes ? Comment je vais faire pour apprendre 150 prénoms en quelques jours ? Je suis dans l’excitation la plus totale parce que je vais retrouver mes matières adorées, je vais pouvoir échanger avec du vivant. Je reprends ma vie d’avant en étant plus vraiment la même. En étant une mère, en ayant un plus de responsabilités et en déclinant un peu plus les soirées avec les collègues.

J’ai une trouille monumentale.

J’ai la trouille de laisser mon enfant à une inconnue, à qui je confie, soyons honnête, mon plus beau cadeau et la prunelle de mes yeux. J’ai la trouille parce que je me suis lancée le défi de le nourrir en exclusif jusqu’à ses six mois malgré la reprise du travail. La tireuse à lait est devenue ma meilleure amie, je suis devenue une vraie compétitrice dans la production de lait. J’ai la trouille parce que je ne sais pas comment je vais devoir m’organiser le matin, comment je donne le sein, comment je me maquille, comment je mange, comment j’arrive au travail sans être à moitié dedans. Et puis surtout, comment je continue à être la prof que j’aime, celle qui tente d’intéresser les élèves, tout en étant à la maison. C’est une nouvelle organisation qui est en train de se mettre en place.

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C’est excitant, c’est grisant, c’est flippant.

Sans mon tendre amour, je ne pourrais jamais y arriver. On se lance, on se donne du courage, on se tient la main pour mieux sauter. On partage les nuits hachées, on partage les journées. On vient de vivre trois mois collés l’un à l’autre, avec cet enfant qu’on découvre chaque jour un peu plus. On sort de notre bulle, on affronte le monde du travail. Mais est-ce que nous sommes prêts ? Est-ce qu’on est assez solide ?

Voir la complicité de Grumpf avec notre fils est ma récompense de ces trois derniers mois. Ca valait bien le coup. On aimerait bien que ça continue. Mais il faut bien payer les croquettes aux deux gros fainéants de chats. Pour sûr qu’on ne travaille que pour eux.

J’ai décidé aussi de plus écrire, car je vais avoir mon vendredi de libre : au moins deux billets par mois. Et pour me stimuler, on a décidé avec les copines  Dentelles de faire un projet sur 52 semaines. On y trouve des photographes, des couturières, des graphistes et des auteures.

Le thème de cette semaine, c’était nouveau départ. C’était absolument parfait pour moi.

C’est un nouveau départ et j’espère que celui-ci m’amène vers des moments agréables avec ma toute jeune famille.