Ne pas faire dans la dentelle ou ce féminisme incompréhensible

Ce billet fait partie du projet #52dentelles pour la semaine 2 qui a pour thème : Dentelle.

Elles ne font pas dans la dentelle.

Elles n’y vont pas par quatre chemins. Elles ne tentent pas de contourner les médias. Elles foncent. Elles disent tout haut ce qu’elles pensent.

Elles ne se préoccupent pas des victimes. Elles ne pensent pas, elles disent. Elles représentent une certaine France, cette France qui selon elles est en train de mourir. Elles représentent l’élégance à la française, elles pensent qu’on est en train de couler, qu’on est en train de tuer la galanterie, le respect des sexe et le jeu amoureux. Elles aiment les hommes. Elles les aiment de tout leur cœur. Elles aiment reprendre en chœur qu’elles défendent la femme française. La femme française de plus de cinquante ans, blanche, de classe supérieure et qui a l’habitude d’avoir un chauffeur.

Elles tuent les luttes, elles blessent à nouveau les victimes. Elles pensent que les femmes victimes sont faibles si elles n’arrivent pas à se remettre. Elles pensent qu’on ne peut pas être victime si on ne l’a pas un peu cherché. Elles pensent qu’au fond le viol, ça n’arrive pas à des femmes qui ne le voulaient pas. Cela arrive forcément à celles qui a mis une jupe trop courte et qui ne s’est pas donné assez rapidement.

Elles regrettent de ne pas s’être faite violer pour prouver qu’on peut se remettre.

Elles parlent de leurs maris en disant que sans la drague lourde, elles ne seraient pas avec lui.

A lire aussi :  A ceux qui savent

Elles parlent des femmes menteuses, des féministes hystériques, des femmes qui en rajoutent, qui semblent blessées pour une main aux fesses. Mais ce n’est qu’une main aux fesses.

Elles expliquent qu’on ne les écoute pas assez, que les médias sont de l’autre côté. Elles oublient que depuis des années, ce ne sont que elles qu’on entend. Elles oublient qu’il a fallu un scandale d’ampleur pour qu’on parle enfin du harcèlement des actrices. Alors qu’au fond, cela fait des décennies que tout le monde sait, que tout le monde voit, que tout le monde entend, mais que personne ne fait rien.

Elles expliquent qu’elles en ont marre de passer pour des vieilles et qu’on ne peut plus rien dire et faire dans ce pays. Elles regrettent le temps de Coluche et des acteurs qui avaient de la poigne. Sauf que Coluche, a toujours respecté tout le monde et il faisait très rarement de blagues homophobes et sexistes. Elles ont l’impression que le monde change et qu’on va vers plus de puritanisme.

Puritanisme.

Pas plus de respect, mais plus de puritanisme.

Elles appellent puritanisme la dénonciation du harcèlement. Elles appellent puritanisme la dénonciation des blagues douteuses et des « Roh c’est bon ! T’as tes règles ou quoi ?« . Elles appellent puritanisme les sifflements dans la rue.

J’ai du mal à comprendre. J’ai même cru que c’était une blague. Je n’arrive pas à comprendre comment elles ont pu écrire cette tribune, comment elles peuvent encore plus s’enfoncer lors d’entretiens. Je ne comprends pas leurs réactions, je ne comprends pourquoi elles font cela. C’est quoi exactement l’intérêt ? Qu’est-ce qui les dérange dans la prise de position des femmes victimes ? Qu’est-ce qui les empêche de vivre leurs vies confortables  ?

A lire aussi :  Dans trois mois

Elles se lèvent le matin et se disent « Ah mince, il y a encore une femme qui dénonce, ça me gâche mon café ! » ou alors  « roooh bah c’est bon, c’est qu’un petit viol ! Faut pas en rajouter « .

Cela me dépasse. Cela me met en colère et m’exaspère. Je ne comprends pas comment c’est possible et surtout pourquoi avoir besoin de l’ouvrir.

Elles ne font pas dans la dentelle, mais au fond elles ne se préoccupent pas trop ce que les femmes vivent. Elles pensent mieux que les autres. Elles pensent être au-dessus de tout.

Elles représentent l’arrogance française,