Je marche le 24 novembre 2018 #NousToutes et #NousAussi

Au milieu de la course quotidienne, je ne peux retenir mon enthousiasme depuis quelques semaines.

Il va y avoir une marche féministe. Ce samedi 24 novembre. Elles sont toutes là. Tous les courants se sont mis presque tous d’accord.

Je vais donc marcher, à Paris, à 14 heures, avec mes copines, à partir de la place de la Madeleine.

Je marche samedi 24 novembre contre les violences faites aux femmes. Toutes les violences. Sur toutes les femmes.

Je marche parce que je veux me souvenir que rien est gagné, que rien est acquis, et que demain, les politiques peuvent très bien tout remettre en cause.

Je marche parce que je pense à mes copines, à mes sœurs, à ma mère, qui ont subi des violences physiques et sexuelles. Je marche parce que j’ai subi des violences physiques et sexuelles car j’étais une femme.

Je marche parce que je pense qu’il est temps de dire stop. Je pense qu’il est temps de se faire entendre. Et pas seulement sur les réseaux sociaux et autres médias. Je pense qu’il est temps de dire qu’il faut un vrai plan contre les violences faites aux femmes.

Je marche parce que je pense que l’éducation devrait être la première des priorités. Une éducation non genrée, une éducation qui apprend le consentement, une éducation qui permet aux garçons de trouver leur place dans la société, tout en respectant les femmes, une éducation qui permet aux filles de se sentir légitimes dans leurs vies et leurs désirs.

Je marche parce que le féminisme m’a permis de m’émanciper et de dire quand je n’en pouvais plus. Je marche parce que les féministes m’ont permis d’expliquer ce que je vivais au quotidien. J’y ai trouvé des armes, j’y trouvé de la force, j’y ai trouvé l’envie de me battre.

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Je marche parce que je veux que mon fils ne soit pas un mec banal, un mec « normal » (voir mon article ici) qui devient un violeur dans une soirée, en ne sachant pas ce qu’est le consentement. Je marche pour que mon fils voit la puissance d’un groupe, comment la lutte est obligatoire si on veut faire avancer les choses.

Je marche pour mes élèves, filles comme garçons, qui ont moins entendus parler de cette marche que les gilets jaunes. Je marche parce que je sais que les rapports hommes/femmes les façonnent, qu’ils sont à un âge où tout se joue. J’aurais aimé à leur âge entendre simplement cette phrase « tu as le droit d’exister et d’aimer, quel que soient ton genre et ton orientation sexuelle ». J’espère secrètement que certains viendront.

Je marche parce que la parole des femmes violentées est remise en cause en permanence par le patriarcat. Une jupe trop courte, une action mal faite, une norme transgressée. Je marche pour celles qui sont différentes et pour celles qui correspondent aux normes. Je marche pour les lesbiennes et pour les hétérosexuelles, je marche pour les femmes racisées, je marche pour les femmes voilées, je marche pour les femmes handicapées, je marche pour toutes les femmes, quel que soient leurs métiers, quelle que soient leurs religions, quel que soient leurs parcours. Je marche pour celles qui sont traditionnelles et pour celles qui sont différentes : on a toutes en commun de connaître les violences.

Je marche pour mes copains, mes ex, les hommes de mon quotidien. Je les invite à me rejoindre, à nous rejoindre. Je les invite à continuer à la déconstruction, je les invite à se remettre en cause, à lire, à beaucoup lire et pas que des contenus à la va-vite sur Internet, mais surtout des livres, beaucoup de livres. J’ai envie de les prendre avec moi, par la main, de leur dire de regarder leur quotidien, leurs paroles, leurs blagues et leur manière de couper la parole en réunion. J’ai envie que cette marche les secoue.

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Je marche pour mon père, pour tous les hommes de plus de cinquante ans, qui ne comprennent rien au féminisme, ou qui font semblant de ne rien comprendre. Je marche pour ces femmes, qui ont toujours tout fait pour les hommes et qui ne savaient pas qu’on pouvait tout remettre en cause.

Je marche pour qu’on arrête de me suivre dans la rue, pour qu’on arrête de me parler de mes cheveux rouges, de mon poids, de mes seins, de mon statut de femme mariée. Je marche pour qu’on arrête de me considérer comme la femme de, ou comme la mère de. Je veux être moi. Je veux être cette fille qui peut se déplacer comme elle le souhaite, à l’heure qu’elle le souhaite, avec mes cheveux rouges, mes mini-jupes et mes tatouages.

Je marche pour dire aux juges, à la justice en général, que nous sommes là, que nous sommes vigilantes. Je marche pour dire qu’on en a marre que la parole des femmes soit minorée, pour dire qu’on en a marre de devoir toujours se justifier quand on dit « je me suis faite violer ». Je marche pour que la police est une formation pour recevoir les femmes violentées. Je marche pour que la justice soit efficace.

Je marche pour dire aux professionnel·le·s de santé que nous ne pouvons plus tolérer les violences gynécologiques, le racisme et la grossophobie. On ne peut plus tolérer une seule remarque sur nos vies : nous sommes là pour être traitées dans la bienveillance et le respect.

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Je marche pour que l’État comprenne que les femmes battues ne sont pas assez prises en compte, que les associations sont en train d’exploser face à la baisse des budgets. Les associations ne peuvent pas accueillir toutes les femmes battues, toutes les familles. Aujourd’hui en France, une femme meurt toutes les deux jours et demi sous les coups de son compagnon.

Je marche pour mes copines d’Irlande, pour mes copies américaines, pour mes copines iraniennes, pour mes copines du monde entier. Je marche avec mon string pour montrer que je suis solidaire, je marche pour dire que le chemin est encore long pour l’égalité.

Samedi 24 novembre, je marche. Je marche pour les femmes.

Je serais à Madeleine avec mes copines et mes copains.

On a tous·tes une bonne raison de marcher. Trouve la tienne et rejoins nous !