Madame Sourire en vrac

Je pourrais laisser mes doigts galoper sur le clavier. Je pourrais faire semblant de ne pas avoir complètement coupé ces dernières semaines avec l’Internet et revenir te claquer la bise et te dire, comme une vieille copine, « Alors, Ca va ? Fais chaud hein ?« .

Mais finalement, ce ne serait pas trop honnête.

Rêver de t’écrire, je l’ai fait ces dernières semaines, mais sans savoir ce que j’aurais pu mettre bout à bout.

Te parler de notre appartement et du prêt qui a été accordé ? J’ai l’impression que cela a été fait quinze milles fois dans les blogs. Et te parler de délai de rétractation et de notaire lors de ton quatre heures, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé.

Te parler de ma déconvenue avec l’Education Nationale ? De ce fameux 12 juin, où j’ai vu apparaître ce message si caractéristique de la Grande Maison « Nous n’avons pas pu satisfaire votre demande« . On aurait pu attendre même un « Merci d’avoir participé », ou encore « Retente encore ». Non, je n’ai rien eu de tout cela. J’ai eu juste ce putain de message. Retour à l’année dernière, tu restes TZR dans le 93. Oh non pas que je voulais me casser ailleurs, loin de là. J’aime mon département. Je l’aime fort et je m’y sens bien. Mais j’aurais aimé pouvoir poser mes fesses dans un établissement.

Et à bien y réfléchir, je ne sais plus trop ce que je veux. Je me demande parfois si la fatigue de l’année ne m’embrouille pas l’esprit et ne me conduis pas vers une sorte de mélancolie.

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Quand tout se ralentit, on devrait pouvoir voir les enjeux et comprendre les finalités. On devrait pouvoir revenir sur ce qu’on a aimé ou non de cette année. J’ai l’impression que je suis une boulimique de travail. Grumpf me disait, il y a peu, : « En fait, tes années scolaires, c’est comme quand tu étais en colo, tu es à fond, tu ne te rends compte de rien, tu veux que ça continue et quand ça se termine, bah, tu te demandes bien ce que tu as fait là« . Bah ouais, c’est un peu cela. Sauf que c’est sur 10 mois. Pendant dix mois, je n’ai rien vu, rien pensé des autres. Les Autres ont avancé. J’ai perdu certains proches, j’ai retrouvé d’autres personnes. J’ai avancé, mais je ne me suis pas sentie avancer. Après presque quinze jours de tranquillité, me voilà en train de me poser cette question fondamentale : pourquoi ?

Pourquoi j’ai vécu une année aussi horrible ? Pourquoi j’ai accepté de vivre une année aussi horrible ? Pourquoi je rêve de revivre une année aussi horrible ? Pourquoi j’associe l’adjectif horrible à cette punaise d’année ?

Horrible pour qui ? Pour moi qui ai peu dormi. Pour mes proches et surtout Grumpf, qui a dû subir ma mauvaise humeur et mon manque de temps à cause de mon envie de … De quoi au juste ? Réussir ? Prouver que j’existe ? (Tu as le droit de chanter..) Prouver que je suis forte ? Prouver qu’en étant moi je pouvais le faire ? Et ensuite ?

Lorsque la machine se ralentit, que je me retrouve seule à la maison, avec mes deux chats, que je n’ai pas de copies, pas de préparation de cours, qu’est-ce que je fais ?

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J’ai d’abord consommé comme une boulimique des épisodes d’une série complètement nulle mais qui me fait bien chialer. (Aka Grey’s Anatomy). Je suis sortie. J’ai bu. Je suis re-sortie. J’ai voulu montrer à mon mari que j’avais du tonus et que je sortais tout le temps. J’ai voulu montrer que j’étais capable après une année pareille de « revivre ». Oh tiens ! Me voilà ! Je suis allée à des concerts, j’ai revu des copines, j’ai fait du shopping. Et voilà, ça fait quinze jours. Et maintenant ? On prépare nos petites vacances, on pense à comment faire en sorte de voir tout le monde cet été.

Et puis, on range.

On range nos souvenirs de l’année, les sourires, les grosses colères, les quelques heures de colle, on trie ses papiers, on se rend compte de l’état de son appartement, on n’a un peu honte, mais on ne change pas grand chose. On utilise un peu plus son portable, on appelle ceux qu’on n’a pas vu depuis longtemps.

On va à la mer, on respire, on prend des couleurs, on parle de Renaissance.

Mais en attendant, l’esprit est toujours un peu connecté au travail.

Parce que je croise mes élèves dans le métro tard le samedi soir, parce que je les croise dans les centres commerciaux.

Parce que finalement je ne sais pas ce que je ferais à la rentrée et que même si je suis payée, c’est tout de même angoissant de se dire qu’on entre encore dans de l’Inconnu.

Parce que j’ai hâte de savoir quel autre chapitre je vais écrire l’année prochaine et surtout avec qui.

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(PS : Des bises à tous et à toutes et merci pour vos petits messages trop choupinoux <3)