Les mots à la pelle

Cet été aura été celui du slow life ou de toutes ces conneries qu’on lit dans les journaux. On a pris notre temps, on n’a pas beaucoup dépensé, on n’a attendu que le temps passe, pas toujours sous le soleil, mais on s’en fout un peu.

J’ai eu du mal à décrocher du collège, comme tous les ans. Une petite déprime, quelques regrets et ce besoin d’adrénaline qui me fait toujours dire « Allez, encore un peu, encore un jour !« . Il a bien fallu décrocher, surtout quand j’ai commencé à traîner mon gros ventre dans les couloirs. Cela commençait à être peu crédible.

Ce qui me fait le plus peur finalement, c’est de ne pas reprendre à la rentrée, puisque mon congés maternité commence le 4 septembre. J’aurais voulu le faire exprès, je n’aurais pas mieux fait. Sauf que bon on n’a pas trop choisi. Louper une rentrée, la cinquième en l’occurrence, est assez déstabilisant. La rentrée est tellement importante pour moi, que j’aurais été capable de demander encore un rab de trois semaines. Mais bon, je pourrais reprendre le 8 janvier, ce qui sera aussi une rentrée symbolique pour moi, la veille de mes 31 ans.

On a donc levé le pied, j’ai reçu de nombreux mails et sms de mes anciens élèves qui passaient le bac et qui n’avaient pas d’affectation dans le supérieur le 15 juillet. Ca m’a fait du bien de me dire que je leur avais servi à quelque chose mais  cela m’interroge fortement sur le fonctionnement de Admission Post Bac, surtout dans les banlieues.  Ouais, je sais, je vois le mal partout. Mais quand même.

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On a eu aussi les résultats du brevet. Apparemment, ce n’est pas si facile que cela d’avoir le brevet. Non parce que bon, la société toute entière semble dire que c’est facile et qu’on l’a donné. J’aimerais bien qu’elle explique cela au 25% d’élèves de mon collège qui n’ont pas eu le brevet. Ah oui, et pis j’aimerais bien aussi que les collèges arrêtent de donner les points systématiquement pour leurs taux de réussite. Nous, on ne se voyait pas mettre « satisfaisant » et donner 40 points à un élève qui ne sait pas lire. Ça serait bien que l’Education Nationale arrête de faire des faux bilans pour se la péter genre « trop fort t’as vu », alors qu’en fait on a toujours des gamins qui ne sont pas capables de comprendre une ligne d’un texte. Ils déchiffrent, mais ils ne comprennent pas.

Alors ouais, l’Inspection Générale a passé un coup de fil, parce que notre taux de réussite est trop bas et que ça doit être forcément parce qu’on est des monstres ou pire encore, qu’on essaye d’évaluer nos élèves selon leurs niveaux. J’avais envie de pleurer ou de rire. Je ne sais pas. Mais en tout cas, j’aurais appris qu’il vaut mieux gonfler les chiffres et laisser faire, plutôt que de donner une vraie image de ce qui se passe par ici.

Peut-être que ça nous évitera des heures de réunions et de bilans personnalisés. Finalement, tout le monde y gagne sauf l’élève.

On est donc partis dans le Limousin et en Haute-Marne. On a vu nos familles qui ont gâtés déjà le Petit Bouchon en construction.

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Cette grossesse n’est pas forcément la plus idyllique qui soit. Mais je fais avec. Ou pas. C’est quand même une drôle de période où j’ai l’impression que mon corps m’abandonne. J’ai aussi des moments de très grande déprime. Et pas la peine de me sortir le couplet et le refrain « oui enfin toi tu es enceinte », oui JE SAIS.

Il parait que les femmes qui attendent plus longtemps que la moyenne et qui se sont projetées dans le désir de maternité peuvent particulièrement souffrir de cette déprime : ce qu’elles pensaient de la grossesse n’est pas en adéquation avec leur quotidien. Et c’est tout à fait mon cas. Et j’aurais bien voulu lire des articles de femmes qui ont attendu, comme moi, pour me dire que : oui j’ai le droit d’en chier aussi et de m’en plaindre.

Résultat, je n’ai dit à personne que ça n’allait pas, donc j’ai ruminé, donc je voyais tout en noir, donc je pleurais quasi non stop en disant « ouais mais ce sont les hormones« .

Va falloir arrêter de faire semblant : ce ne sont pas les hormones, c’est juste que tu en chies avec ton régime de diabétique, que tu as en permanence la trouille et que tu es en train de te voir changer à vitesse grand V et que tu n’as pas envie.

N’empêche quand j’ai su enfin dire ce qui n’allait pas, ma SF n’a pas attendu et m’a pris un rendez-vous pour de l’hypnose puis pour un psy. Comme quoi les hormones…

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A quelques semaines de la naissance, tout est presque prêt. On n’a jamais eu autant la trouille de toute notre vie, mais bon, on a tout ce qu’il faut pour que ça fonctionne.

Il parait qu’il vaut mieux se mettre en pilote automatique et laisser faire. C’est tout nouveau pour nous, pour moi, pour lui. Alors on va laisser faire même si cela n’empêche pas d’avoir une trouille d’enfer.