La révélation de ma maternité : l’allaitement

Je me suis dit au début que je n’allais pas vous en parler. Mais c’est tellement une révélation dans ma vie, que je ne me vois pas ne pas vous en parler. En fait, pour tout dire, rien dans mon parcours ne me faisait dire que je serais une mère allaitante qui allait aimer cela.

Ma famille est une famille qui a donné le biberon. J’ai été moi-même nourri au biberon, Ma soeur a donné le sein à mes nièces, mais je me souviens que la famille trouvait ça incroyable. C’était il y a plus de dix ans (non elles ne sont pas au collège mes bébés !!!)

Bref.

Je ne devais pas devenir une mère allaitante.

Une mère allaitante exclusive même au moment où elle reprend le travail.

Ouais je sais.

La folle.

Pendant ma grossesse, j’hésitais encore entre donner le biberon et le sein. De part nos convictions politiques, on a souvent discuté de cela. Dans une démarche éthique et « jefaiscequejepense », mon mari et moi, on s’était dit que ça serait bien que l’allaitement se passe bien. Bah oui, ce n’est pas à la coop du coin que je vais trouver du lait en poudre.

Grumpf ne me mettait pas du tout la pression, c’est moi qui allais choisir, qui allais vivre le truc. Donc c’est moi qui décidais.

J’avais peur des arguments que j’entends tout le temps. Au choix :

  1. « Ca fait mal« 
  2. « Tu seras la seule à te lever la nuit« 
  3. « Tu seras dépendante de ton enfant » (ou esclave pour les plus sympathiques)
  4. « Tu ne pourras plus sortir« 
  5. « Il ne fera jamais ses nuits »

Et mon fils est né. J’ai arrêté de me poser des questions. Il est né par césarienne après un déclenchement. Bref, ce n’était pas ce dont je rêvais comme accouchement, mais j’avais mon fils, celui que j’attendais depuis plusieurs mois et presque années…  J’avais la chance d’avoir un enfant, on n’allait pas non plus demander à l’avoir correctement.

A lire aussi :  Et puis finalement…

La mise au sein fut difficile. Ma montée de lait a pris du temps. Il perdait du poids. On m’a mis la pression pour passer au biberon. J’ai toujours dit non, quitte à passer pour l’emmerdeuse du coin. Je voulais essayer. J’ai mis un bout de sein et au troisième jour, montée de lait et hop reprise du poids ! Bon pas assez pour qu’on nous laisse sortir au bout du cinquième jour… Mais assez pour qu’on arrête de me présenter le biberon.

On est sortis et je me suis fait confiance. Mon mari a pris en charge tout le reste et moi je m’occupais de nourrir ce petit être. Il dormait à côté de moi dans son lit cododo. Je n’avais pas mal. Pas de crevasse, pas d’engorgement. Des fuites, mais rien de grave. C’était quasi naturel. Une énorme chance. Argument 1 : Adieu.

La nuit, notre fils qui dormait dans notre chambre réveillait aussi son père, qui le berçait et lui changeait sa couche. Moi je restais sagement au lit, entre éveil lacté et endormissement. Argument 2 : adieu.

J’ai passé les pics de croissance, les nuits compliquées, les refus du sein parce que trop énervé. J’ai commencé à tirer mon lait vers 5 semaines car j’avais le concert de IAM…. Vous savez être esclave de son fils… Et puis quand je voulais sortir en soirée, je l’emmenais. Il dormait en écharpe, contre moi ou son père. On est allé à plusieurs soirées comme cela, dans plusieurs restaurants. Il était bien, il dormait et puis il souriait aux gens quand il était éveillé. Cela fait toujours bizarre aux amis, surtout quand vous êtes les seuls dans certains groupes à avoir des enfants, mais ça marche.

A lire aussi :  « Madame, c’est quoi réussir sa vie ? »

Et je donnais le sein. Au resto, au bar, dans les soirées, au milieu des manteaux sur un lit. Sur les aires d’autoroutes (en oubliant de refermer mon corsage pour aller aux toilettes… ). Arguments 3 et 4 : Adieu.

Et on arrivait à un mois de la reprise. Notre fils avait deux mois et cela se passait super bien. J’ai donc continué.

Il a même commencé à faire ses nuits. (Adieu argument 5 !) Le matin, j’avais donc les seins ultras tendus, permettant d’avoir du surplus.

J’ai commencé à faire des réserves et on s’est dit avec mon mari qu’on se lancerait bien dans l’allaitement exclusif quand il ira chez la nounou. #fou #bandedefous

J’ai contacté Grandir Nature, qui me loue un tire-lait de compétition (mon meilleur ami, Ardo !). Et c’était parti ! C’est une bonne organisation et il faut accuser le choc avec la reprise du travail. Chaque semaine je fais le bilan avec mon mari : est-ce que je continue ? Est-ce qu’on a encore des réserves ? Comment je me sens ? Dès que j’aurais l’impression de ne plus réussir, ou de passer mon temps à faire cela, je donnerais un biberon de lait en poudre. Mais pour l’instant je suis motivée et cela se passe bien. Notre fils n’est pas un grand mangeur et la nounou joue le jeu.

Je n’ai pas l’habitude de tout raconter. Je trouve ça hyper intime finalement ce que je suis en train d’écrire. J’ai longtemps hésite à dire tout. Mais je le fais car beaucoup de femmes se mettent la pression sur l’allaitement et on connaît toutes une femme pour qui cela s’est mal passé. Je continue parce que cela se passe bien, je me sens bien. C’est possible que cela se passe bien, que cela soit agréable, que l’enfant ne confonde pas la tétine et le sein, qu’il ne soit pas en refus du biberon.

A lire aussi :  J’ai testé pour vous : ouvrir un blog personnel

Je n’ai pas une production de folie, je n’ai pas une dose de lait qui pourrait nourrir tout Saint-Denis. Je suis ultra normale sur mes quantités, je suis ultra normale dans ma manière de faire. Juste je le fais. Cela fait trois mois que je nourris mon fils, malgré mes sorties et mon travail.

Je ne suis pas plus courageuse qu’une autre, je prends les choses une par une. Cela me plaît, cela m’épanouit.

Je ne me sens pas rabaissée dans ma qualité de femme, je ne me sens pas non plus en train de trahir mes convictions féministes.

Alors si tu as des questions ou des doutes, n’hésite pas à venir m’en parler. C’est l’entre-aide qui permet de bien se sentir dans ses baskets.

Merci à mes marraines d’allaitement et plus particulièrement à Perrine et Alice. <3

Ce billet a été écrit dans le cadre du projet 52 Dentelles, avec un thème par semaine. Le thème de cette semaine est blanc, comme le lait, comme l’allaitement. Tu peux nous suivre sur instagram ou sur facebook pour connaître toutes mes copines !